L’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (ACDIC), engagée depuis sa création en 2003 dans la lutte pour la souveraineté alimentaire, lance une nouvelle campagne sur les réseaux sociaux, « NON A CARREFOUR EN L’ETAT ». A l’origine, l’annonce en pompe de l’arrivée de l’hypermarché Carrefour au Cameroun.

 

Une publication sur Facebook le 30 mai 2017, justifie la position de l’ACDIC. «  On lui déroule le tapis rouge. On lui donne des avantages inimaginables et gratuits (Un terrain de 3.5 ha au cœur de la capitale après déguerpissement des populations ; des exonérations de taxes non seulement sur le matériel de construction de l’édifice mais sur tous les produits importés ; du rapatriement libre et illimité de fonds ; et des dizaines d’autres facilités incroyables …etc.) Et pourtant ! Une catastrophe à tout point de vue pour le pays ». Avant cette sortie, deux études ont été menées par l’association : une sur les supermarchés existants au Cameroun, et l’autre sur le fonctionnement de Carrefour à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il en ressort que:

- Quand ces supermarchés parlent des emplois qu’ils créent, c’est de la poudre aux yeux. Sur 500 emplois crées (et quels emplois même), ils détruisent 10 000 autres dans la production, transformation et distribution des produits locaux. Et que dire des boutiquiers du quartier et autres petits métiers qui à termes sont appelés à disparaître

- Quand ces supermarchés parlent des produits locaux qu’ils vendent, c’est de la poudre aux yeux. Quelques produits locaux qui représentent moins de 2% de leurs volumes d’affaire et font triste mine parmi les produits importés hyper attrayants. 2 %, juste de quoi s’acheter faussement une image. Pire, ils ne souscrivent à aucune charte éthique et à aucun souci social affirmé.

- Quand ces supermarchés disent devoir former les producteurs à produire dans leurs standards, ce dont leurs magasins auraient besoin, c’est de la poudre aux yeux. Ils sont trop gentils pour se substituer aux Ministères de l’Agriculture, de l’élevage, pour ne citer que ceux-là.

- Ces supermarchés qui à 98% distribuent les produits importés, visent la classe moyenne riche, qui détient un pouvoir d’achat et qui malheureusement, rêvent de faire les achats avec un cadi, dans ces espaces propres, climatisés et snobs. Ces supermarchés captent et détournent l’argent de ces fortunés qui, s’ils consommaient des produits locaux, auraient boosté les productions locales et favorisé l’amélioration des conditions de vie des producteurs. Et que dire de la perversion des mentalités et habitudes de consommation de ces classes moyennes.

- Ces supermarchés bloquent notre développement car on ne peut accompagner et encourager les producteurs à produire mieux et plus pour ne pas pouvoir vendre. Les marchés locaux étant inondés de produits importés. Ils appauvrissent ainsi les 67% de camerounais qui vivent de l’Agriculture. Encore plus, une catastrophe pour les ruraux qui déjà comptent pour 60% des pauvres au Cameroun.

- Ces supermarchés, avec des produits importés dont on a du mal à connaitre la provenance, la fabrication et la qualité, non seulement un vrai danger alimentaire pour les consommateurs mais aussi, modifient petit à petit les habitudes alimentaires et de consommation. Aujourd’hui en ville on connait et consomme de moins en moins les mets traditionnels qui à terme disparaîtront, emportant les richesses culinaires, les épices et autres ressources naturelles qui entraient dans leurs préparations. Ils exposent les populations à tous les méfaits connus de l’industrialisation et l’outrance de la grande consommation.

- Ces supermarchés s’imposent et obstruent toute possibilité de penser l’évolution des marchés locaux et la distribution des produits de consommation d’une manière « véritablement camerounaise ». C’est-à-dire : faire évoluer les marchés de New-bell à Douala ou celui de Mokolo à Yaoundé tels que nous le voulons.

- Ces supermarchés et autres multinationales bénéficient d’énormes faveurs des pouvoirs publics contrairement aux marchés locaux tels que celui de Mokolo à Yaoundé ou Mboppi à Douala… qui, à plus d’un égard, sont aussi des supermarchés. Et que dire des "bayam sellam" qui elles aussi font dans la distribution des produits ;

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